Pierre Constant Victor JUSNEL
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Où est cet arbre qu'un jour j'ai planté,
auquel quelque temps j'ai consacré
sans savoir ni connaître sa variété.
Le temps a passé saison après saison,
la sève qui nourrissait ma passion
ma inspiré mille poèmes et chansons.
Le vent qui agitait ses ramures fragiles,
comme de simples battements de cils
le rendait encore plus gracile.
Vint le temps de la floraison,
laissant paraître fleur et bourgeon
promettant une si belle moisson.
J'ai laissé ce fruit prendre vie et mûrir,
pensant à l'avance à tout ce plaisir
qu'en le mangeant j'allais découvrir.
Si se souvenir demande parfois des efforts,
dans ma mémoire subsiste encore
la comparaison du fruit à un corps.
Comme l'écho d'une pierre dans l'onde,
sa peau douce et tendre si blonde
mettait en valeur ses formes rondes.
Sa chair au parfum de miel si sucrée,
de senteur et saveur exquises gorgée
ne demandait qu'à être consommée.
Ce délice au corps si charnu,
cachait des épines pointues
et avait le goût du fruit défendu.
En le savourant j'ai perdu la raison,
pour n'avoir pas su résister à cette tentation
j'ai fini par écrire ma propre oraison.
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