Reclus dans un cachot sombre
un prisonnier vivait dans l'ombre
une lucarne lui donnait un peu de lumière
mais pas assez pour éclairer sa misère.
Enfermé pour un délit d'innocence
jugé par cette loi qu'est la conscience
condamné à vivre de la sorte
sans que personne ne lui ouvre la porte.
Survivre sans sourire au soleil
sans apprécier la saveur du miel
ni respirer de rose au parfum soutenu
voici tout ce qu'il savait perdu.
Pour lui le reste n'avait d'importance
ni le jour où viendrait sa délivrance
ni d' avoir plus personne à qui parler
puisque nul ne pouvait l'écouter.
Du plus profond de sa solitude
il prenait parfois un peu d'altitude
pour rêver et s'évader un temps soit peu
y croire pour se sentir bien mieux
mais il savait comme n'importe qui
que se soit ailleurs ou même ici
il aurait pour seul et unique horizon
que les hauts murs de sa prison.
Dans vingt ans il se souviendra
que quelquefois il a baissé les bras
se posant toujours les mêmes questions
sans avoir de réponse à tort ou à raison.
Oublié dans un cachot sombre
un prisonnier rêvait dans l'ombre
de la lumière les yeux fermés
du soleil en regardant le ciel étoilé
du goût du miel sur sa bouche
du parfum de la rose si douce.
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Pierre Constant Victor JUSNEL
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