Pourquoi as tu dilapidé toutes tes richesses,
celles que ton cœur offrait avec largesse,
pour ceux que le destin amenait devant ta porte,
ces bougres n'avaient pas l'âme d'un cloporte,
et qui sont partis sans un remerciement,
te laissant, déchiré, à feu et à sang,
sans même une poignée de mains
toi le bon, le trop bon samaritain.

Pourquoi as tu offert jusqu'à ta dernière chemise,
celle qui te protégeait de la pluie et de la bise
à ceux qui étaient mieux vêtus que toi,
ces tristes sires cachaient sous leurs hardes des habits de roi
et t'ont laissé subir du froid les morsures,
se moquant bien que ton corps se couvre d'engelures
quand ils te quittaient de bon matin,
toi le bon, le trop bon samaritain.

Pourquoi es tu le seul à connaître encore ce vocabulaire,
celui que d'autres ont rayé de leur dictionnaire,
ceux pour qui ces mots ne veulent plus rien dire,
ces profiteurs qui ne savent que des autres se servir,
qui préfèrent prendre mais sans jamais voler
et qui aiment mieux recevoir que donner
ce que l'on a au creux de ses mains,
toi le bon, le trop bon samaritain.

Pourquoi es tu si bon, toi le bon samaritain,
toi qui pour ceux-là ne vaut rien,
alors que tu as l'âme d'un saint,
toi le bon, le trop bon samaritain,
ces mots que tu as toujours utilisé
sont ceux de l'aide, de l'amitié et de l'hospitalité,
mais tu sais que tu n'as rien à te reprocher,
toi le bon samaritain, c'est ta seule raison d'exister...


Pierre Constant Victor JUSNEL