Tu as laissé sur un banc poussiéreux
ce livre d'images et de textes religieux
qui ne parlait que de la morale de ce dieu.
Pourtant, tu as décidé de vivre une autre vie
pour oublier la lassitude et la monotonie
en fuyant ces lieux que l'on dit bénits.
Ces vers que tu récitais comme une oraison,
étaient devenus ta seule obsession:
quand on fait la guerre on oublie sa religion.
Tu travaillais pour tous ces gouvernements,
ceux qui voulaient que leurs régiments
aient le meilleur de tous les entraînements.
Pour eux tu as fomenté leurs coups d'état
et pris la direction de leurs combats
pour mener à la victoire tes braves soldats.
C'est dans un autre pays, loin de ta terre natale
que tu as reçu ce projectile, en plein cœur cette balle
qui fut la seule mais tragiquement fatale.
Ton sang a cessé de couler dans tes artères,
pour se mêler sur le sol à cette terre
où dans une fouille tu redeviendras poussière.
Tu avais fait le choix d'un monde dangereux,
mercenaire l'argent était devenu ton seul dieu
pour qui tes yeux tristes brillaient encore un peu.

Pierre Constant Victor JUSNEL