La nuit étale son ombre
d'une couleur unie et sombre,
comme pour lui faire porter le deuil
enveloppant le monde de son linceul.
Même la lune aux reflets d'argent
s'en moque bien l'espace d'un instant,
sa pauvre lumière fantomatique
attire vers elle les esprits romantiques.
Quand se promènent ces êtres amoureux,
qui souvent vont deux par deux
voyageant dans cet univers rétréci
aux formes par leurs nombres élargies.
Quelques points s'allument, les étoiles,
taches brillantes aux confins d' une toile,
écrivent les histoires d'un hypothétique avenir,
que des astrologues pensent pouvoir prédire.
Une dame blanche dans sa course vagabonde
entraîne avec elle sous ses ailes blondes
la croyance d'une légende qui fait peur,
et que les anciens récitent encore par cœur.
La nuit s'étale unie et sombre,
sa couleur fine comme une ombre
mélange aux alentours les formes
pour mieux les rendre difformes.
Grâce à la terre et à sa rotation,
le temps d'un tour d'une révolution,
le monde s'est couvert d'un linceul
qui pour un instant lui fait porter le deuil.
Pierre Constant Victor JUSNEL